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27 mars 2024 3 27 /03 /mars /2024 09:08

Nous proposon ci-dessous une bande video qui présente une  caractérisitique de grande modération au regard de la réalité russe et de la guerre en Ukraine. Expliquer ce qui se passe dans les réalités humaines n'est pas chose simple et les intellectuels les plus méticuleux ne sont pas à l'abri de biais cognitifs reposant sur des a-priori idéologiques. Au dessus du savoir existe un méta savoir et la science la plus élaborrée repose toujours sur un cadre qui n'eat pas la science elle-même et qui fait de son histoire une suite d'erreurs rectifiées. C'est au demeurant ce que va nous apprendre- une fois de plus - le nouveau téléscope spatial (James Webb") qui est entrain de révèler  notre modèle du Big- bang comme erreur scientifiaue. Si l'on revient sur terre nous sommes onfrontés au conflit d'interprétation concernant la guerre en Ukraine. Globalement nous avons des intellectuels ( sociologues/historiens/économistes/politistes/etc.) dont le méta savoir est de type occidental, qui s'opposent à d'autres intellectuels dont le meta-savoir est de type pro-russe. Bien évidemment cela donne des visions totalement opposées de la réalité. L'analyse de cette opposition relève - comme dans les sciences dites exactes -  de choix dans la sélection des faits dont on veut produire la compréhension. Les intellectuels pro-russes, très nombreux mettront ainsi toujours en avant l'impérialisme américain , la CIA, etc. Les intellectuels pro- occidentraux mettront toujours en évidence le resprct de l'ordre juridique intenrnational, l'impérialisme russe, etc. Et cette sélection des fiats autorisera bien évidemment une interprétation générale de la réalité très diférrente.  Il est simplement dommage que lesdits intellectuels n'annoncent pas clairement le paradigme dans lequel ils se trouvent. 

Si nous proposons cette video aujourd'hui, c'est précisément parce que son auteur, très modeste et peu connu, se borne à la présentation des faits ...sans les faire reposer sur une théorie à priori.

Bonne écoute.

 

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27 mars 2024 3 27 /03 /mars /2024 05:52

La présente note s’intéresse moins à l’analyse de la faiblesse de l’impact des sanctions occidentales sur l’économie russe que sur la spécificité d’un modèle anthropologique jusqu’ici peu défriché. On peut en effet s’étonner de caractéristiques sociétales a priori assez éloignées de ce que l’on trouve dans l’occident classique : un Etat laissant très peu de place à la société civile, un demos davantage objet que sujet, un repli sur soi contrarié par une interaction sociale souvent brutale et violente, une très difficile émergence de droits de l’homme dont celui du respect de la vie. Ces caractéristiques sont elles-mêmes des qualificatifs divers d’une même réalité : la faculté d’un pouvoir très éloigné, à nier toute autonomie réelle à une population, simple moyen de sa propre fin, à savoir sa reconduction au pouvoir.

 1 Anatomie de l’Etat Russe.

En Russie comme ailleurs, l’aventure étatique fût probablement la cristallisation d’une évolution qui selon l’expression de Pierre Clastres devait aboutir à ce que ce dernier appelait « un coup d’Etat fondant l’Etat ». Partout dans le monde le « big bang » des Etats fut l’appropriation du « commun » d’une société, ce que l’on appellerait dans le langage moderne les biens publics. L’histoire assez classique des Etats fut le passage d’un âge patrimonial plus ou moins long (le groupe au pouvoir gère le commun comme son bien propre), à un âge institutionnel (le groupe au pouvoir reconduit sa domination par un partage et la reconnaissance de droits attribués à un demos). Dans certains cas, l’âge institutionnel peut se déliter avec passage à un âge relationnel où l’Etat lui-même semble s’affaisser devant le marché (démocratie puis mondialisation). L’âge relationnel qui semble être le moment présent des Etats de l’UE délègue au marché et aux économistes l’édification d’un intérêt général. Le marché devenant la nouvelle patrie à défendre. Signalons qu’il n’existe aucune théorie de l’histoire et rien ne dit qu’il existe un passage ordonné entre les âges : des retours ou des ordres inversés sont toujours possibles. Rien ne dit non plus que la réalité correspond à des âges complètement séparés et complètement distincts. Ainsi il n’est pas impossible de penser que l’UE pourrait évoluer, après son âge plus ou moins relationnel  vers un stade intermédiaire que certains appellent déjà la marche vers « l’étaticité ».

Ce qui semble caractériser l’histoire de l’Etat russe est l’importance de l’âge patrimonial, la difficulté du passage à l’âge institutionnel et, plus récemment, sa greffe sur un âge relationnel qui lui reste fondamentalement étranger.

2 Une construction impériale sans équivalent.

L’âge patrimonial s’est parfaitement adapté à la construction d’un empire où - à l’inverse de ce qui se passait en occident (Grande-Bretagne et France arrimées depuis longtemps à l’âge institutionnel) - la métropole n’est pas géographiquement séparée des colonies. Alors que la France se distingue de l’Algérie par une frontière naturelle, il n’existe pas de barrière physique entre la colonie et l’Etat patrimonial russe. Et comme l’âge patrimonial est celui où les sujets sont dépourvus de l’essentiel de ce qu’on appelle les droits de l’homme, voire le simple respect de la dignité humaine, le colonisateur peut utiliser ses sujets comme matière première de la colonisation. Parce que dépourvus de droits de propriété qui n’existent que pour les dominants, les sujets peuvent être instruments de la colonisation et être déportés en masse vers de nouveaux lieux. D’où la multitude de groupes russophones dans des espaces a priori très éloignés mais jamais séparés de la métropole par une barrière naturelle qui n’existe pas. Phénomène que nous n’avons pas constaté avec les autres colonisations où, même en Algérie, il n’y avait pas de réelles déportation et où ce qu’on appelait les pieds noirs étaient des volontaires très autonomes au regard de l’Etat central. Les cas contraires- sauf l’énorme exception que fût le commerce triangulaire-  étaient marginaux et concernaient surtout une déportation des colonisés récalcitrants vers d’autres colonies, donc des personnes dépourvues des droits de propriétés de l’âge institutionnel de la métropole.

Dans le cas de la Russie, les moyens de production de la colonisation et de l’expansion de l’âge patrimonial, doivent historiquement rester ce qu’ils sont à peine d’effondrement de l’empire en expansion : les déportés doivent conserver leur rang et ne doivent jamais accéder aux droits de l’homme classiques. Il en résulte une distance réduite entre le colon et le colonisé, ce qui n’était pas le cas des empires coloniaux occidentaux. Dans le cas inverse, une stratégie d’accès aux classiques droits de l’homme entrainerait un effondrement de l’empire, ce que « Catherine la Grande » tentait d’expliquer aux philosophes des lumières et en particulier Diderot. Constatons qu’aujourd’hui encore les déportations restent une pratique assumée : enfants et familles ukrainiennes, minorités des espaces de l’Asie centrale, etc.

3 Un point d’appui sur des structures anthropologiques à privilégier.

 Les deux paramètres classiques des droits de l’homme : vie, liberté, reposent sur un troisième qui devient le point d’appui des deux premiers : la propriété. C’est dire que l’âge patrimonial de l’Etat russe ne permet pas l’arrimage à la notion classique de propriété : vie et liberté seront toujours sous la dépendance du pouvoir. D’où la difficulté de faire naître un âge institutionnel allant jusqu’à la démocratie. Au mieux on aboutira à une citoyenneté qui restera bloquée sur le patriotisme ou le nationalisme alors qu’en Occident il sera possible d’aller plus loin. D’où l’asymétrie fondamentale dans une situation de guerre : un coût de la vie très élevé dans un cas ( l’Occident dépassant l’âge institutionnel et déjà plongé dans l’âge relationnel), et très faible dans l’autre (Russie dont l’âge institutionnel reste enkysté dans un âge patrimonial). Dans un cas nous avons la doctrine du zéro mort dans la guerre et dans l’autre il sera naturel d’extirper de l’univers carcéral des personnes que l’on enverra sur le front.

D’une certaine façon l’Etat russe se trouve très aidé par des structures familiales qui selon la classification d’Emmanuel Todd relèvent du type souche, voire communautaire, avec des caractéristiques culturelles qui restent éloignées de celles de l’occident classique où la valeur égalité l’emporte. Le poids de l’autorité indiscutable s’impose avec ses conséquences sur des droits de l’homme qui n’ont pas la même signification qu’en Occident. La dimension âge patrimonial de l’Etat Russe est ainsi en relative congruence avec des structures familiales qui ne vont pas contester frontalement la violence du pouvoir.  La perspective d’une révolution a ainsi beaucoup plus de chance de se réaliser par le haut que par le bas.

4 Un  point d’appui récent sur des Etats vivant l’âge relationnel.

Mais l’Etat russe qui passe déjà difficilement le cap de l’âge institutionnel est retenu, voire confirmé dans son âge patrimonial par sa greffe sur les Etats de l’âge relationnel (Occident). Les richesses de l’immense empire peuvent être valorisées auprès des Etats devenus vassaux d’un mercantilisme privé. C’est bien évidemment le cas -véritablement caricatural- de l’Allemagne dont son mercantilisme permettra d’alimenter une rente gazière gigantesque accaparée par les détenteurs/défenseurs de l’âge patrimonial russe. De quoi nourrir- non pas avec des droits mais avec des marchandises- les dépendants du pouvoir russe. De quoi, par conséquent, légitimer la forme patrimoniale du pouvoir par une population qui reste à l’écart des agitations du post-modernisme occidental. Mieux : de quoi distribuer des salaires considérables et du capital qui l’est davantage encore, à ceux qui s’engagent dans la machinerie militaire. C’est dire que malgré une démographie très difficile l’Etat patrimonial russe peut encore alimenter la machine de guerre par une offre suffisante de personnel : les chaines d’inscription à la guerre sont le point de départ d’un changement radical de niveau de vie pour nombre de familles de colons mais plus encore de colonisés dans l’immense empire. Au final de quoi connaître l’équivalent de la société de consommation occidentale dans un monde carcéral. Les immenses espaces de la Grande Distribution peuvent cohabiter avec ceux  des colonies pénitentiaires.

5 Un Etat sans limite territoriale

L’empire lui-même ne peut connaître de limite. Dans le cas de la colonisation occidentale, des barrières naturelles permettaient la distinction entre des colonies et des métropoles, elles-mêmes déjà marquées par les frontières des célèbres traités de Westphalie (1648). Simultanément, l’âge institutionnel et son débouché sur l’idée de citoyenneté et de droits de l’homme, délégitime rapidement le fait colonial occidental, lequel débouchera sur l’apparition de très nombreux Etats en formation au vingtième siècle. Historiquement, l’affaire ne fut pas facile et aurait pu l’être beaucoup moins encore en l’absence de barrières naturelles entre colonies et métropoles. Imaginons par exemple les difficultés supplémentaires- pourtant déjà  considérables- dans le cas de la France et de l’Algérie si cette dernière avait été directement accolée à la métropole.  Le cas de la Russie, au regard de l’idée de décolonisation est très différent. Parce que l’âge patrimonial peut se pérenniser et que la colonisation s’est accompagnée de déportations, il est très difficile de connaître une décolonisation. La violence naturelle de l’âge patrimonial s’y oppose, et surtout il est facile de compter sur ce qui est devenu les minorités russophones réparties sur l’immense territoire. C’est ce qui est présentement vécu avec un mouvement complexe de décolonisation/recolonisation. En occident parce que le colon était très différent du colonisé, la décolonisation s’en finit pas de se radicaliser y compris et surtout dans les anciennes métropoles. En Russie colons et colonisés sont peu différents et le colonisé ne rejette pas la culture du colon. A priori impensable en occident, la recolonisation se trouve envisageable dans l’ordre Russe. Avec toutefois une limite : une colonisation vers des espaces fondamentalement étrangers à  l’espace russe (l’Afrique actuelle) se heurtera à des déboires majeurs. Il sera moins difficile de se réinstaller dans les ex territoires de l’Union Soviétique que d’occuper le sahel après évincement de la présence française.

6 Un Etat menaçant menacé ?

Et pourtant l’empire est plus ou moins menacé car les droits de l’homme frappent à la porte et les espoirs - fondés ou non - de l’âge relationnel s’affirment. Non pas nécessairement par le canal démocratique car une grande partie des droits de l’homme peut se vivre en dehors de la liberté démocratique, mais bien plutôt par le canal économique. L’économie prédatrice et rentière monopolisée par les tenants du pouvoir peut faire l’objet d’une contestation grandissante, voire se transformer en luttes de clans débouchant sur de possibles fragmentations. Et déjà, au quotidien, une difficulté croissante à gérer les conflits d’intérêts entre groupes de décisions et la peur qui, finalement, empêche toute innovation au niveau des microdécisions. Davantage encore, la digitalisation de l’économie et les espoirs du monde numérique favorisent la fuite hors de l’empire des plus modernes. De quoi accélérer la crise démographique. Au-delà des apparences nous sommes vraisemblablement dans la crise des Etats figés dans l’âge patrimonial.

7 Conclusions.

-Les réalités d’aujourd’hui sur le théâtre russe paraissent confirmer ce qui précède : le « sultanat électoral » que vient de vivre le pays ne semble guère embarrasser ce que chacun peut considèrer comme une distraction dominicale où l’on est invité au jeu du plébiscite comme on peut l’être au jeu de monopoly. C’est dire que la liberté au sens occidental n’a encore que peu de sens.

-La guerre est couteuse, et même avec une croissance ,  il deviendra de plus en plus difficile de jouer le jeu de la société de consommation avec des moyens de production qui se reconvertis en usines de guerre. La croissance peut certes s’accélérer  avec la généralisation d’une économie de guerre, mais elle ne pourra masquer durablement une perte des niveau de vie.

-La guerre, elle-même, est un moyen de conserver un âge patrimonial menacé par des périphéries dissidentes qui pourraient déboucher sur  des exemples de réussite légitimant un âge relationnel : un succès économique et politique de l’Ukraine n’était pas acceptable. Une guerre qui soude une communauté est donc utile pour le pouvoir mais son cout devra se reporter sur les dépendants, plutôt sur les colonisés que sur les colons.

-Cette même guerre ne pourra que se limiter aux anciens espaces et La Russie, cruellement contestée dans sa volonté de devenir chef d’orchestre d’un Sud global,  devra probablement se retirer de l’Afrique.

-Enfin cette guerre développe ce qu’elle combat : le passage de l’Etat ukrainien d’un âge patrimonial à un âge institutionnel flirtant avec l’âge relationnel européen. Plus simplement exprimé, l’Etat Russe engendre à sa périphérie ce qu’il n’est pas,  et que classiquement on appelle « l’Etat Nation souverain ». Si le marché généralisé de l’âge relationnel connait quelque peine à souder une société,  La guerre de l’Etat Russe resté  patrimonial ne permettra pas davantage de souder et développera  des risques de rupture.

 

 

 

 

 

 

 

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22 décembre 2023 5 22 /12 /décembre /2023 17:33

Cette phrase figure dans le livre dont l’auteur est président d’une grande entreprise et par ailleurs ingénieur général des mines. Nous tairons le nom bien que  les Echos des 22 et 23 décembre font l’éloge du livre. En poursuivant la phrase nous trouvons ceci :

 « Certes, c’est un organe vital parce qu’il permet aux entreprises de financer l’investissement et ainsi d’améliorer la productivité du travail et parce qu’il permet aux individus de lisser leur consommation tantôt en empruntant (étudiants) tantôt en épargnant (pour leur retraite) . Mais c’est un organe qui n’ayant pas d’autre utilité que d’alimenter les autres organes doit garder un poids léger (4% du PIB en France), sauf à capter des marges indues par faille régulatoire, défaut de concurrence ou naïveté des clients ».

Il faut savoir de quoi on parle et il est probable que l’auteur confonde les 4% de PIB avec un bilan bancaire agrégé représentant un peu plus de 4 fois le PIB de la France. Le seul bilan de la BNP – en ne comptant pas les actifs hors bilan - est aujourd’hui supérieur au PIB de la France. Effectivement, si la finance est à l’économie ce que le cœur est au corps, il y a manifestement un hypertrophie cardiaque hallucinante. Signalons par exemple que le bilan de Total Energie, une entreprise qui est effectivement dans le monde de l’économie réelle et qui est l’une des plus importantes du pays, est 10 fois inférieur au bilan de la BNP ? Signalons aussi que le corps - très petit- est plus solide que le cœur -trop gros- car l’actif de Total, même à une époque de contestation des énergies fossiles, est autrement plus fiable que celui de la BNP qui est trop constitué de titres à valeur très aléatoire. Au-delà, Total pourrait probablement s’émanciper des banques alors que la BNP se repose sur cette mère des banques qu’est la BCE.   Ne multiplions pas inutilement les exemples mais signalons quand même que le seul marché des changes brasse quotidiennement la valeur annuelle du PIB agrégé de l’Allemagne et de la France !

N’allons pas plus loin. Nous voulions simplement mentionner cette « fake-news » et beaucoup regretter qu’un quotidien réputé sérieux se livre à sa diffusion en l’état.

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 06:00

Nous publions ci-dessous une vidéo extraite de la chaine ELUCID  créée par Olivier Berruyer. Concrètement il s'agit d'un interview d' Emmanuel Todd. Le titre brutalement asséné est suivi d'un contenu tout aussi radical: avec comme hypothèse centrale, l'abandons par  les élites européennes du projet européen au profit d'un ralliement complet au monde anglo-saxon. Les arguments développés relèvent d'une description intéressante: déplacement de la richesse depuis les banques suisses vers les paradis fiscaux Anglo- saxons , montée de la confiance envers l'OTAN au détriment de Bruxelles, etc. Simultanément, Emmanuel Todd s'interroge sur les fondements d'un tel mouvement en développant sa thèse de l'irrationnalité de l'élite européenne, une élite incapable de se rendre compte de réelles difficultés américaines qu'il croit pouvoir lire dans des statistiques démographiques indiscutables: augmentation de la mortalité infantile aux USA, baisse de l'espérance de vie, etc. 

La pensée d'Emmanuel Todd, toujours vigoureuse, pourrait encore s'affiner en prenant en compte les grands mouvements du monde: délitement de l'Etat-Nation à l'occidentale dans l'idéologie de la mondialisation (avec son exception américaine), et construction d'autres Etats, qualifiés naguère de périphériques ou "mous", et  se nourrissant de la même mondialisation. Cet élargissement du cadre permettrait de mieux saisir ce qu'il appelle la fin de l'Europe, à savoir un effondrement provoqué par un projet devenu celui d'un autre temps. Une construction à contre -temps sur laquelle des noyés cherchent à se raccrocher. Dans ce cadre élargi on pourrait ainsi mieux saisir ce que Todd appelle l'irrationnalité. l'élite européenne n'est pas irrationnelle, elle joue simplement un mauvais jeu car n'en connaissant pas les règles fondamentales. Plus concrètement si l'élite allemande avait eu conscience de ces réalités fondamentales, elle aurait pu mieux construire et sécuriser ses relations avec la Chine et la Russie. L'élite allemande n'est pas irrationnelle, elles est simplement insuffisamment compétente. 

Bonne écoute et bonne réflexion..

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7 décembre 2022 3 07 /12 /décembre /2022 15:08

Le prix plafond pour le pétrole russe est entré en vigueur ce 5 décembre comme prévu au niveau négocié de 60 dollars le baril. Le texte ci-dessous que nous avions publié le 9 septembre dernier reste d'actualité. Tentant d'étudier les conséquences à venir d'une telle décision , les premières réactions de l'OPEP n'infirment pas son contenu. Cette dernière laissant inchangées ses quotas , il n'y a pas d'alignement sur les intérêts de l'Occident au détriment de la Russie. Il n'y a pas non plus alignement sur l'intérêt de la Russie et donc pas de coup de pouce à cette dernière en favorisant une hausse du prix du brut. Les analyses ci-dessous développées le 9 septembre dernier sont donc validées par la réalité géopolitique du moment.

Bonne relecture.

L’idée des pays occidentaux importateurs de pétrole russe est de limiter les moyens guerriers de la Russie par une réduction de ses capacités financières.

Sur un plan théorique il s’agirait de faire comme si le marché du pétrole pouvait devenir un monopole bilatéral : un seul producteur, la Russie, en face d’un seul demandeur, l’occident. Si tel était le cas on assisterait à la formation d’un prix d’équilibre dépendant des capacités de négociation des acteurs. Le point de vue occidental étant qu’il existerait de fortes capacités de substitution entre pétrole russe et autres ressources et donc que les prétentions russes pourraient être très largement contenues. Au final le plafond de prix invoqué correspondrait à l’idée que la résistance occidentale serait plus importante que celle de la Russie.

La réalité est autre et chacun sait qu’il existe d’autres producteurs et d’autres pays consommateurs dans le monde. La problématique est donc du point de vue occidental de construire artificiellement un monopole bilatéral qui n’existe pas. La voie choisie est donc d’élever des barrières entre l’offre russe de pétrole et ses acheteurs potentiels non occidentaux.

La solution qui consisterait à arrimer les autres acheteurs à la prétention occidentale n’est guère imaginable. Bien sûr on pourrait envisager un prix inférieur au prix payé par ces autres acheteurs (essentiellement chine et Inde) , lesquels auraient intérêt à participer à une entente générale au niveau de l’achat de pétrole russe. Toutefois le cout géopolitique d’une telle démarche (alignement sur l’occident) serait supérieur à l’avantage économique (gain sur le prix du baril).Cette idée étant irréaliste Il convient  d’empêcher le déplacement de l’offre de pétrole depuis ses destinataires occidentaux vers d’autres destinataires. Une intervention militaire étant impensable (arraisonnement de tankers se dirigeant vers la Chine ou l’Inde) seule la voie du marché est possible sous la forme de contrainte notamment auprès des propriétaires des navires voire subventions auprès de ces mêmes propriétaires ou des destinataires eux-mêmes. C’est semble- t-il ce qui est envisagé avec l’interdit de couverture d’assurance et de réassurance sur les cargaisons de pétrole russe, voire le subventionnement des compagnies d’assurances elles-mêmes.

Du point de vue russe, tout sera fait pour trouver une substitution plus ou moins parfaite entre réduction des exportations vers l’occident et augmentation vers le reste du monde notamment par le canal de la Chine et de l’Inde. En particulier on peut aisément imaginer des transporteurs largement indemnisés et rémunérés pour ce travail de réorganisation planétaire de la logistique. Le schéma nouveau de l’organisation serait approximativement celui çi : les pays recevant le pétrole russe achètent moins à l’OPEP tandis que cette dernière voit ses débouchés compensés par une livraison plus importante à l’Occident. A offre et demande mondiale inchangée il y a simple réorganisation des destinations. Reste à savoir si cette réorganisation planétaire est acceptable par le reste du monde et notamment l’OPEP.

Chine, Inde et autres pays qui vont recevoir le pétrole russe seront gagnants puisque la Russie se doit de prendre la main sur les fournisseurs OPEP traditionnels. Toutefois  cette opération représente- t-elle un gains à l’échange pour l’OPEP ? En oubliant les rugosités du changement organisationnel (qualité des bruts et degré API, qualités/spécialisation  des installations de raffinage, couts d’acheminements, etc.) le cout de la réorganisation est d’autant plus élevé que le prix plafond fixé par l’Occident est faible. Chine et Inde peuvent gagner beaucoup et supporter des couts de réorganisation élevés si la Russie accorde des marges importantes. L’OPEP ne gagne rien et supporte les couts de réorganisation. Elle peut réagir en contractant son offre avec effet de hausse de prix mais cela peut inciter les importateurs non occidentaux de pétrole russe à recycler le brut correspondant vers d’autres pays et gêner l’OPEP. On le voir rien n’est écrit. Par contre il faut reconnaitre que cette décision est un réel manque à gagner pour la Russie : Plus le prix plafond serait faible et plus il faudrait accepter des rabais auprès de clients non occidentaux qu’il convient de privilégier. Au total les gagnants seraient l’occident et les pays acheteurs de brut russe, les perdants étant la Russie et probablement l’OPEP.

 

 

 

 

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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 08:58

 Après une polémique concernant une accusation de plagiat, le livre de Gael Giraud qui devait être publié en mars dernier est enfin en librairie. L'auteur y propose des outils très nouveaux de compréhension du monde. Invité par Olivier Berruyer dans le cadre de sa chaine "Elucid", il développe largement les thèmes qu'il déploie sur plus de 800 pages. Beaucoup de passages intéressent directement les préoccupations du présent blog et c'est la raison pour laquelle nous nous permettons de publier les échanges très intéressants entre Gael Giraud et Olivier Berruyer. En particulier on pourra suivre attentivement les questions de la finance, des banques, de la crise financière, de l'euro, des banques centrales, etc. Ces échanges  concernent les 15 dernières minutes de la vidéo. les lecteurs également intéressés par la philosophie et la sociologie pourront apprécier les distances ou rapprochements avec les travaux d'un Philippe Descola ou de ceux du regretté Bruno Latour.

Bonne écoute.

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7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 08:38

Le gouvernement français s’est efforcé cette année de contenir le potentiel de hausse de prix sur l’électricité, le gaz, voire même les carburants. La facture est élevée pour les finances publiques (environs 10 milliards d’euro, sous forme de détaxation de l’électricité et de subventions aux fournisseurs les plus petits) mais aussi pour EDF, qui par le dispositif dit de l’ARENH (vente obligatoire à prix réduits à des fournisseurs qui sont aussi ses concurrents), verra sa marge diminuer d’au moins 8 milliards d’euros. Face à l’importance de ces chiffres, Il y a lieu de s’interroger sur la poursuite possible d’un tel déraillement lequel coûte à l’économie du Pays l’équivalent du quart de ses dépenses militaires. Les finances publiques et l’entreprise EDF seront-ils capables de supporter une ponction semblable en 2023 ?

Et il est vrai qu’il faudra probablement faire face, de façon sans doute plus sérieuse,  à ce qui est une crise de l’énergie aussi importante que la révolution pétrolière de 1973. Circonstance aggravante, cette crise se déroule dans un contexte globalement plus défavorable et il n’est pas question de l’absorber  par des gains de productivité qui, très élevés à l’époque, ont  aujourd’hui disparu. Au-delà, la grande question de la mobilisation autour de l’objectif très ambitieux et très coûteux d’un zéro carbone pour 2050, constitue une autre circonstance aggravante.

Quels sont les indices qui nous permettent de penser que nous entrons dans une crise énergétique grave et de longue durée ? Nous retiendrons ici 4 indices ou paramètres  globaux essentiellement géopolitiques et 4 indices  ou paramètres  micro et  méso-économiques.

Les paramètres  globaux ou géopolitiques.

1 -  Il y a tout d’abord la dépendance gazière de l’Europe et ses conséquences sur la France au regard de la Russie et de la crise Ukrainienne. Cette dépendance à hauteur de 40% de la consommation européenne n’est pas facilement et rapidement contournable par le recours à d’autres fournisseurs. Cette dépendance et la tension qui s’y trouve associée est bien naturellement favorable au maintien de prix élevés.

2 -  Il y a ensuite la dépendance de la France au regard des autorités européennes pour ce qui concerne le nucléaire. Le double débat sur la taxonomie et l’aide publique aux diverses branches de l’économie se termine-t-il dans l’assurance du succès des intérêts français ? De sérieux doutes demeurent dont la presse spécialisée se fait écho.

3 -  Il y a, en troisième lieu,  les contraintes de la BCE. Parce que cette dernière est obligée malgré l’inflation naissante de maintenir des taux proches de zéro, les capitaux se déplacent vers des zones plus rémunératrices et font baisser durablement le cours de l’euro au regard du dollar. Cet écart de taux est durable et résulte du fait que la BCE se doit avant toute chose de protéger un Euro qui disparaitrait rapidement  si des spreads  devenaient trop visibles à l’intérieur de la zone. Les achats libellés en dollars deviennent plus coûteux et la conséquence est   une hausse  durable du prix des énergies importées.

4 -  Il y a enfin la dépendance vis-à-vis de l’oligopole complexe (OPEP/ Russie/USA). Cet oligopole est maintenant  orienté par une convergence d’intérêts autour d’une rente pétrolière de court terme en raison du choix d’une économie décarbonée pour 2050. En termes de stratégie, cela signifie une limitation des quantités afin de maintenir des prix élevés compensant la perte de réserves qui resteront sous terre au-delà de 2050.

Ces paramètres globaux sont appuyés par d’autres réalités plus micro et méso-économiques.

Les paramètres micro et méso-économiques.

1 -  Il est tout d’abord constaté une chute considérable des investissements dans les activités de forage et d’exploration. Il s’agit de décarboner les bilans, alors même qu’une partie des énergies fossiles est sollicitée pour « épauler » les énergies renouvelables dont le fonctionnement est intermittent. Cela se traduit par une contrainte d’offre durable dans un contexte de forte demande au titre de la forte croissance. D’où des résultats spectaculaires débouchant sur des rachats d’actions (EXXON  consacre 50% de ses bénéfices aux rachats d’actions plutôt qu’à les réinvestir) ou des réorientations majeures (TOTAL énergie qui pense réaliser 50% de son chiffre d’affaires à partir de l’électricité en 2050).

2 - En accompagnement de ce dernier point il s’agit ensuite  d’un éloignement des fonds d’investissement vis-à-vis de tout ce qui n’est pas estampillé ESG (environnement, social, gouvernance). On est donc assuré d’un blocage durable de l’offre d’énergie fossile et donc d’un prix durablement élevé de l’énergie. Ce dernier label ESG entraîne mécaniquement une baisse des investissements dans les énergies fossiles sans toutefois favoriser une puissante augmentation des investissements vers les énergies renouvelables dont la rentabilité n’est assurée qu’avec un large recours à des financements publics. Globalement, l’investissement dans les énergies renouvelables ne compensant pas la chute de l’investissement dans les énergies fossiles, nous nous dirigeons vers une raréfaction de l’offre et donc une hausse durable des prix.

3 -  En troisième lieu il s’agit de constater une augmentation considérable de la demande d’électricité qui ne doit pas seulement permettre le passage  à la mobilité tout électrique mais doit aussi accompagner de nouveaux usages  gros consommateurs. Pensons par exemple à l’activité de « minage » pour les crypto monnaies, minage qui vient d’aboutir à une panne gigantesque dans toute l’ Asie centrale. Globalement la Commission européenne prévoit au moins un doublement des besoins d’électricité pour 2050, donc une tension énorme sur l’offre à construire.

4 - Enfin, il s’agit de prendre conscience de la perte générale « d’agilité » face aux grands projets : Le blocage de l’offre d’énergies fossiles n’est pas compensable par une offre nouvelle d’électricité nucléaire. Il est très loin le temps où par mobilisation de grandes compétences, la France pouvait connecter à son raison électrique une nouvelle unité nucléaire tous les 5 mois (années 80). S’il faudra une douzaines d’années pour produire les premières bribes de la nouvelle électricité nucléaire c’est en raison de quelques 4000 ingénieurs qu’il faudrait embaucher annuellement dans la branche et qui n’existent pas (propos du Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire).

Oui, nous entrons dans une nouvelle crise de l’énergie. A l’inverse de celle de 1973 qui n’annonçait pas une pénurie mais une simple révolte des propriétaires désireux de maitriser la rente pétrolière, celle qui s’annonce est bien celle d’une rareté. Convenons toutefois que cette rareté n’a rien de naturelle : elle est simplement le résultat de péripéties  sur lesquelles les historiens se pencheront demain. Ce qu’il y a de certain toutefois est que cette crise sera durable.

 

                                                                                         

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1 juillet 2021 4 01 /07 /juillet /2021 07:05

Le récit national américain serait aujourd’hui fragmenté et il deviendrait de plus en plus difficile d’y repérer   la classique culture anglo-saxonne tournée autour de la propriété comme bouclier de la liberté et de la vie. L’écrivain George  Packer, dont les travaux sont repris par Dominique Moïsi dans un article des Echos en date du 28 juin, évoque ainsi l’existence d’une Amérique fragmentée en 4 Blocs : « Free America », « Smart America », « Real America », et « Just America ». A priori éloigné des thèses concernant l’Etat profond, cet émiettement anthropologique engendrerait les difficultés politiques croissantes des USA. Peu d’ADN commun subsisterait en effet entre la Free America franchement libertarienne et anti-étatiste, la Smart America qui assoit le succès sur l’effort et le mérite, la Real America qui assure un repliement isolationniste sur les valeurs traditionnelles et la Just America revendiquée par l’aile gauche très socialiste du parti démocrate.

Moîsi voit dans la France les mêmes fractures et établit une correspondance avec celles se manifestant aux USA. Correspondance difficile car s’il est possible d’imaginer un lien entre la Real America et ce qu’on appelle le populisme français, un autre entre la smart America et le progressisme macroniste, un troisième entre le Just America et la gauche française, il n’existe pas ( pas encore ?) d’équivalent français de la Free America. Ce qui reste de  civilisation française demeure  encore éloigné de la culture anglo-saxonne dont on annonce l’éclatement.

De fait, la distinction proposée par Packer peut sans doute expliquer la cassure croissante entre des blocs qui s’affrontent pour la conquête du pouvoir américain. Elle reste toutefois une cassure de second ordre tant il est vrai que Free America, Smart America, Real America et Just America ne sont que des branches issues de racines communes. Ces dernières restent celles d’une anthropologie qui fait que le rapport à l’autre ne se conçoit que sous l’angle du marché, un marché qui, certes, peut être perverti par l’utilisation de la contrainte publique, mais le plus souvent à des fins privées, donc en principe éloigné de tout projet de bien commun. La propriété ne peut être rognée et reste le fondement de l’ordre américain. L’exemple de la culture « wokiste » en principe issue des tenants de la Just America est à cet égard intéressant. Il s’agit ici d’incorporer dans la compétitivité des marchés un paramètre supplémentaire : l’entreprise qui pratique et revendique le wokisme, s’empare de l’idée de Just America comme moyen et non comme fin. S’emparer de l’idéologie wokiste est ainsi un moyen publicitaire comme un autre pour accroître des parts de marché. Il existe toutefois une exception, celle d'un bien commun concernant l'idée de nation: la recherche de compétitivité peut se faire dans la mobilisation de ce qui est consensuel ou quasi consensuel, ce qui est le cas du complexe militaro-industriel ou celui de la renaissance économique aujourd'hui.

Tout cela est assez étranger à ce qui reste de civilisation française. Bien évidemment, la France est contaminée par les idéologies américaines, mais elle résiste encore et si les entreprises sont déjà  tenues de se lancer dans le « wokisme », il reste un Etat qui, certes en voie d’épuisement, sait encore distinguer la fin et les moyens. La très croissante fracture française n’est pas le produit inéluctable de son ADN culturel. Elle relève simplement de la pénétration d’un modèle, celui du tout marché, fort étranger à son identité fondamentale. Ce qui reste de la vieille civilisation française sait encore distinguer la justice procédurale des libertariens de la justice résultats que, même les tenants de la Just America, n’imaginent pas.

Nul ne sait où conduiront les fractures américaines, et nul ne sait s’il est possible de les réduire. Il en est probablement de même pour la France. Par contre, s’agissant de ce pays on en connait la cause : celui du renoncement à sa très forte identité ; celui de l’abandon de son exception ; celui de l’abandon d’une congruence exceptionnelle entre sa culture, celle des lumières, son économie et ses règles sociétales ;  celui de la préférence nouvelle de la concurrence agressive à celle de l’excellence coopérative ; celui du délaissement de son rapport au passé, du récit qu’il engendrait, et des devoirs qui en découlaient. Reconnaissons toutefois que la contamination de la France par la culture  anglo-saxonne était facilitée par l'ambiguïté entre le particularisme national et l'universel français, ambiguïté bien perçu par le célèbre mot de Victor Hugo: "Adieu Nation et bonjour Humanité". 

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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 10:00

 

La France en déconstruction est-elle reconstructible ?

Reprise du texte introductif :

Préciser les grands moments de la déconstruction allant jusqu’à l’abandon de la monnaie

Philosophie générale : une culture valant civilisation ne peut que résister à son effacement

L’Histoire s’interrogera sur la génération des « baby boomers » ouvriers de la déconstruction.

Les fondements de la culture

Ce qui est commun et qui soude par ce qui est appris, transmis, produit, inventé.

Bases anthropologiques (Axiomes):

  • Organiser le maintien de la vie,
  • Organiser la finitude et la reproduction de la vie,
  • Réguler l’être ensemble.

Culture anglo-saxonne :

la propriété l’emporte sur la liberté et la vie.

Pas de limitation à la logique de l’échange marchand :

  • La propriété elle-même peut naitre sans Etat
  • Existence d'un bien commun, la Nation, dont la construction passe par le marché
  • Possible marche vers la financiarisation généralisée (le Big-bang de la Loi ERISA aux USA)
  • Différences naturelles et culturelles possiblement limitées par droits compensateurs (minorités)

Civilisation française :

  • Corporations jamais abolies (Aventures de la loi Le Chapelier)
  • Passion d’une égalité surveillée et disparition des différences autres que naturelles
  • Liberté qui ne passe pas par le marché ni par la propriété.

Emballement de la logique anglo-saxonne et conservatisme français

  • USA : moment fordien vite dépassé, illimitation d’une économie qu’il faut mondialiser.
  • France: récit historique imprimant un destin exceptionnel autour d'un progrès universel
  • France : cohérence économique assise sur les valeurs civilisationnelles (TEI)
  • France: congruence exceptionnelle entre culture, économie et règles sociétales
  • France : réussites et performances exceptionnelles qui ne passent pas par l’agressivité marchande (Exemples dont EDF ou industries de la défense)

Une France qui « veut courir aussi vite » et se jette dans la gueule du loup anglo-saxon

  • Acceptation d’une monnaie non souveraine devenue simple marchandise
  • Technologies qui accompagnent l’emballement marchand.
  • Prix du choc culturel : croissance colossale des couts sociétaux et sociaux (monétaires et  extra-monétaires).
  • Prix du choc culturel : guerre civile larvée et démonétisation du système politique.
  • Prix du choc culturel: affaissement démocratique et promotion d'un ordre autoritaire.

Les espoirs.

  • A l’extérieur : multiplication des « têtes à queue » : BCE, crypto-monnaies d’Etats, etc.
  • A l’intérieur : économistes hors-sol et pouvoir politique massivement illégitime.

 

 

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 04:52

Air-France et EDF sont des survivants de l’époque de la France d’avant.

La première, en raison même de l’existence d’un empire était la troisième compagnie du monde en 1938. Elle était déjà une entreprise nationale avec un capital détenu à 25% par l’Etat lors de sa création en 1933. Elle était aussi en étroite relation avec une industrie aéronautique dont la France est au premier rang mondial dès les années 20. Déjà l’idée d’auto centrage développée dans notre article du 14 février dernier. Beaucoup plus tard l’entreprise restera l’une des marques de la présence française dans le monde.

Conçue sur la base de la puissance politique elle ne s’est jamais véritablement adaptée à la concurrence et a toujours cherché à conserver des éléments de monopole : desserte des DOM-TOM, maintien de prérogatives sur les services aéroportuaires, créneaux de décollage et d’atterrissage, etc. Manifestement l’entreprise est bien enchâssée dans une culture dépassant les simples lois de la concurrence.

La seconde construite en 1946 autour d’un monopole que l’on croyait naturel justifiait un statut d’entreprise nationale, Grande Entreprise Nationale (GEN) disait-on à l’époque. Parce que- pensait-t-on - les rendements de production étaient continuellement croissants, l’entreprise devait permettre des coûts de l’électricité les plus bas du monde et garantir l’auto-centrage de l’industrie française. La formidable course à l’électronucléaire des années 70/80 ( 58 réacteurs nucléaires en moins de 20 ans) reste aujourd’hui encore un record mondial que même la chine ne peut rêver rattraper.

Tout s’arrête avec le mix culturel anglosaxon et germanique et les 2 entreprises sont peu appréciées des autorités européennes. La raison en est simple : on ne peut tricher avec les règles de la concurrence.

Pour Air-France on veut bien comprendre que la pandémie affecte gravement l’entreprise et que sa recapitalisation puisse être autorisée, mais marché unique oblige, il convient au préalable de faire disparaitre les privilèges de marchés que constituent les droits de décollage et d’atterrissage sur un certain nombre de sites : la concurrence ne peut être faussée et il ne faut pas gêner l’émergence de nouveaux entrants sur le marché. La concurrence reste la règle constitutionnelle et donc l’entreprise nationale peut disparaitre.

Pour EDF, on va jusqu’à mettre en place des règles brutales – d’une certaine façon hors marché- pour arriver à faire naitre un authentique marché de l’électricité. Ainsi le laborieux dispositif d’Accès Réglementé à l’Energie Nucléaire Historique (ARENH) oblige depuis près de 10 ans l’entreprise à vendre 25% de son électricité nucléaire à des concurrents pour un prix administré (42 euros le mégawatt/heure) -donc hors marché- inférieur au cout de production EDF (probablement entre 45 et 50 mégawaatt/heure). D’où une perte de 100000 clients chaque mois. La renégociation en cours- aussi aux fins d’obtenir une hausse du tarif réglementé- porte sur le démantèlement de l’entreprise en plusieurs unités distinctes, l’objectif étant d’obtenir là encore de la concurrence dans un secteur où l’investissement est faible : les négociants en électricité sont bien incapables de produire des centrales nucléaires. Nous retrouvons la logique de la constitutionnalisation du marché présenté dans l’article du 14 février. S’agissant du marché de l’énergie, ce dernier ne naissant pas spontanément la commission bruxelloise utilise ainsi la force. D’une certaine façon dans le mix évoqué entre culture anglosaxonne et culture germanique, c’est semble-t-il le point de vue anglosaxon qui l’emporte au niveau énergie.

Nous sommee ainsi très loin des valeurs françaises qui présidaient naguère au fonctionnement de l’entreprise. Bien sûr  le principe d’universalité avec le concept de service public lequel va supposer l’interconnexion entre toutes les vieilles entreprises d’électricité transformées en monopole public en 1946. Mais aussi les principes de résilience et d’autocentrage qui feront que toutes les parties du territoire national seront équipées, pour un même tarif (principe d’égalité) aux fins d’assurer des potentialités et opportunités identiques aux citoyens, donc un potentiel de développement économique harmonieux sur l’ensemble du territoire. Le tout dans des conditions de rendement économique maximal puisque l’entreprise fonctionne à rendements croissants : le monopole permet une diminution des couts fixes unitaires, à l’inverse des quelque 450 entreprises d’électricité qui fonctionnaient avant la nationalisation.

La « raison française » n’est pas la « raison angloxanne » ou germanique et il est peu probable que ces conflits de culture ne débouchent pas un jour sur une rupture majeure. Aucune dictature n’a jusqu’ici été capable de transformer durablement la culture d’un peuple.

 

 

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